Critique de Eva

Note : 7,5/10

Une fois n’est pas coutume, j’ai aimé un film fantastique espagnol, primé aux Goyas.

Kike Maillo, réalisateur inconnu jusque là, et pour cause puisque c’est son premier long, nous livre une œuvre originale, poignante et dont le stratagème fonctionne à merveille, de bout en bout.

Autant l’avouer, j’avais pourtant beaucoup de craintes. Ceci en raison des nombreux films fantastiques espagnols récents, largement surestimés par la critique étrangère, qui essaie d’en faire le nouveau courant du cinéma de genre, il est vrai, un peu en recul à l’international depuis quelques années.

C’est quoi ce temps de merde, j’en pleurerais presque.

On est ici bien loin des œuvres fadasses et mièvres de  Paco Plaza (le réalisateur du mauvais Rec 3), Alex de la Iglesia (responsable du tout juste sympathique Le crime farpait et du très moyen Crimes à Oxford, tourné hors de son pays natal), d’Alejandro Amenabar (réalisateur de Les Autres, copie de 6e sens), de Jaume Balaguero (réalisateur du très surestimé Rec) et consorts, qui bénéficient d’une aura démesurée au regard de leur talent.

Une fâcheuse tendance à ériger en chef d’œuvre ou en pierre angulaire du renouveau du cinéma de genre tout film espagnol nominé dans un quelconque festival est en effet très à la mode depuis quelques années…

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Kike Maillo parvient à nous faire oublier son prénom quelque peu ridicule une fois sorti de son contexte, en nous offrant un film épuré, simple et efficace. Loin des artifices et des ambitions en inadéquation avec les moyens dont ils disposent des réalisateurs cités plus haut, Kike Maillo (qu’on nommera Kike pour le reste de l’article puisqu’on est entre nous) a trouvé la justesse, aidé par un cast irréprochable, voire étonnant.

Pour ne pas risquer de spoiler ou de laisser deviner quoi que ce soit, nous ne nous attarderons pas sur l’histoire. Sachez simplement qu’il sera question d’une petite fille, de chercheurs, de deux frères, de robots et d’intelligence artificielle.

Le scénario, bien qu’ambitieux, évite les pièges du sensationnel, de la surenchère ou de la mièvrerie que ne parviennent jamais à éviter les compatriotes de notre ami Kike.

La force de l’histoire, basée sur un twist placé à merveille, se ressent d’autant plus que tout est construit pour surprendre le spectateur. Une fois la surprise du chef dévoilée, on se rend compte que chaque action, chaque dialogue et chaque situation était là pour nous préparer à la révélation. Le tout avec une élégance, une finesse et une magie qui ne nous donne pas l’impression d’avoir été manipulé. On est simplement cueilli, mais avec grâce.

Techniquement on pourra reprocher un certain manque de moyens dans la création de quelques effets spéciaux, mais qui ne sont que secondaires, puisque les robots s’intègrent pour leur part très bien.  

Ce défaut est largement compensé par la qualité visuelle générale de l’œuvre. Un travail exceptionnel est réalisé sur les décors, permettant une immersion dans un univers familier, bien que l’action se situe dans le futur et que quelques éléments discrets viennent nous le rappeler.

La photo est magnifique, ajoutant à la magie qui se dégage de ce film.

La réalisation est très habile, Kike nous transportant dans son univers en un rien de temps, en donnant vie à un monde à la fois magique et banal.

Mais la plus grande réussite ce de film résidera dans l’intelligence de sa construction, Kike nous amenant exactement là où il veut quand il le veut.

Kike n’est pas un Kéké et réussit à faire passer une émotion très forte à travers ce film, comme il réussit d’emblée à créer l’empathie entre le spectateur et son héros. Le rendu est presque parfait de ce point de vue, une sensation de finesse se dégageant même du travail de notre ami Kike, qui flottera dans l’air quelques heures après le visionnage du film.

Il est vrai que la performance des acteurs a sans doute aidé Kike, puisqu’il s’entoure habilement de Daniel Brühl, acteur vu dans Inglorious Basterds, qui interprétait le soldat allemand héros de guerre devenu vedette de cinéma. Brühl ne se brühle pas les ailes ici, mais livre une prestation admirable, entre la douceur de l’œuvre et l’arrogance qui pointe parfois chez son personnage.

Mais la palme revient à la jeune actrice qui interprète Eva, Claudia Vega. Belle, lumineuse, charismatique et pétillante, elle irradie la pellicule à chacune de ses apparitions. Il y a fort à parier qu’on la reverra très rapidement à l’écran et que si elle se met à l’anglais, Hollywood lui fasse les yeux doux très vite.

Au final, Eva est un film à découvrir absolument, à apprécier et probablement à revoir pour une multitude de raisons.

Et pour une fois, un réalisateur espagnol méritera pleinement les hommages qui ne manqueront pas de lui être adressés.

 

Si vous avez vu le film, notez-le.

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4 réflexions au sujet de « Critique de Eva »

  1. Honnêtement tu as tout dit, je suis tout à fait d’accord avec toi. Si je voulais à tout prix trouver un défaut, ce serait peut-être le fait que le film verse légèrement dans le pathos à la fin. Même si personnellement, j’ai trouvé que l’émotion était sincère et pas forcément trop appuyée. Bref, une très bonne surprise et une révélation avec cette jeune actrice.

  2. Je pense également que tu as dit l’essentiel même si je ne pense pas que le film ait manqué de moyens pour les effets visuels qui sont tout simplement excellents à mes yeux ! Et n’oublions pas un magnifique générique et une superbe BO pour compléter le tout ! Je pense qu’il s’agit de l’un de mes films espagnols préférés, un petit bijou qui évite tout travers et livre une belle histoire appuyée par un excellent cast.

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